Skip to main content

Full text of "Journal d'horticulture pratique de la Belgique"

See other formats


Historié, archived document 

Do not assume content reflects current 
scientific knowledge, policies, or practices. 

























































JOURNAL 


DE LA BELGIQUE 


DE L’HORTICULTURE BELGE ET ÉTRANGÈRE, 

publié am le concours 

BES AMATEI,BS ’ DES boktichtkibs et des présidents 

DE SOCIÉTÉS D HORTICILTÉRE 
DES Plis COTOt* EN belgiqee et a l'étranger ; 

SOLS Ü DIRECTION 

IL Snntk, 

in professe» dé^ôtanS rtdfzodogiel' mtenéTuT' d' l ””" 66 

ex-vo valeur nature + , c Atlienee Royal de Luxembourg 
a voyageur naturaliste du gouvernement be]o- e 

et • ^ embre dephlsieurs sociétés savantes * 

et secretaire-adjoiut de la Société Eoyale de Hore-de Bruxelles. 


Cinquième ftnné6 


Octobre l$G 4 


PARIS, 

CHEZ A. GOIN, ÉDITEUR 

‘ 82, rué des Écoles. 


BRUXELLES, 

V e PARENT & FILS, ÉDITEURS. 
17, raobtague de S»on. 


'YdeDoncK^ 


TRAVAUX DU MOIS. 


Jardin fruitier. — On commencera la récolte des fruits d’hiver, par un temps 
sec ; on aura soin de prendre les fruits un à un, pour éviter de les blesser, et on les 
placera pendant quelques jours dans un endroit sec avant de les caser dans le 
fruitier. On récoltera également les pépins de poires et de pommes pour les semer 
de suite. On renouvellera la terre au pied des arbres fruitiers, mais on se gardera 
de les fumer avant l’hiver On préparera le terrain pour recevoir tes arbres à 
déplanter en novembre, et on marquera dans la pépinière les arbres à lever ou à 
déplanter. 

Couches. — On entretiendra une température convenable dans les couches à 
ananas, et on ne les arrosera qu’avec de l’eau à la même température que la cou- 
che. On préparera quelques châssis froids pour abriter certaines plantes vivaces 
délicates, telles que : Cypripedium, etc. 

Jarihn d’agrément. — On amassera des feuilles sèches et on coupera les tiges 
des plantes vivaces qui ont cessé de fleurir. 

On donnera une dernière façon aux allées, et on fera des semis de plantes 
annuelles qui ne craignent pas le froid. 

Les Dahlia et les Chrysanthèmes faisant le plus bel ornement de nos jardins en 
cette saison, on facilitera leur floraison en retranchant les fleurs fanées et les tiges 
inutiles. On continuera à remettre en pots les plantes d’orangerie qui ont été con- 
fiées à la pleine terre. On abritera les tuteurs, étiquettes, vases, etc., qui ne sont 
d’aucune utilité pendant d’hiver. 

Serres chaudes. — Les temps humides et pluvieux d’automne causent dans les 
serres chaudes des dégâts occasionnés par la décomposition et la pourriture des 
parties désorganisées des plantes. On y remédiera par des soins minutieux de 
propreté, en aérant la serre pendant le milieu du jour quand le ciel est serein 
ou en chauffant légèrement, pour faciliter l’évaporation. On diminuera les 
arrosements et on cessera les seringuages. On donnera aux plantes le plus de 
lumière possible. Quant aux espèces qui sont constamment en végétation (telles 
que certains Palmiers), on s’attachera à la favoriser, soit en les plaçant sur une 
couche de tan, soit en élévant la température. 

On continuera la multiplication de certaines espèces de plantes d’une repri se 
lente. 

Après une journée très-chaude, on devra faire du feu, le soir, pour prévenir 
une transition trop forte pendant la nuit. 

Serres froides et orangeries. — • Il est prudent de rentrer toutes les plantes 
de cette catégorie, qui, tout en ne craignant pas le froid, ne tarderaient pas à jau- 
nir par l’excès d’humidité. On labourera la surface des pots et des caisses, et on 
arrosera très-modérément. 

On soignera attentivement les jeunes plants de Calcéolaires, Cinéraires , Pn- 
mula sinensis, et on leur donnera le plus d’air et de lumière possible. On rentrera 
aussi quelques pieds de Chrysanthèmes, dont la floraison se prolongera en oran- 
gerie jusqu’au moment de la floraison des Camellias. 

On continuera à planter en pots les oignons de Jacinthes à forcer, ainsi que des 
toutfes de Dielytra, Spirea , Deutzia, Weigelia , que l’on forcera dès le mois de 
décembre. 


/ 


■ 


( 


s W'ïqo a'ttid inn •■ovu ypTo 




PLANTES FIGURÉES. 


PETUNIA VARIÉS. 

4. Comtesse Authier ; — 2. Ami Falloux; — 3. M. Linden; — 4. Triomphe de 

l’Ailier. 

Planche XVIII. 

Les quatre Pétunia à fleurs doubles dont nous offrons aujourd’hui 
la figure, sont le produit des efforts soutenus d’un de nos amateurs les 
plus zélés, c’est-à-dire de ceux qui possèdent le feu sacré de la flori- 
culture. Après cinq ans d’hybridation continue, M. le vicomte Du Buis- 
son, au château de Vernet, près Saint-Pourçain (France), est parvenu à 
créer, en quelque sorte, une nouvelle race de Pétunia qui se distingue 
des variétés ordinaires par quelques caractères saillants : les feuilles 
sont plus grandes, plus arrondies, ondulées et d’une couleur vert pâle 
ou jaunâtre, ce qui donne à la plante une teinte semi-chloratique . Les 
fleurs, surtout les doubles, étant d’une texture très-épaisse, résistent 
mieux que celles des variétés ordinaires aux pluies et aux vents. La 
corolle en est énorme, allongée en entonnoir, à divisions du limbe 
tourmentées, ondulées et gauffrées, ce qui produit des teintes cha- 
toyantes et glacées d’un très-bel effet; elles exhalent de plus une odeur 
des plus suaves, qui varie d’une variété à l’autre. La diversité de leurs 
formes, renversées, chiffonnées, aplaties ou bombées, leur dimen- 
sion qui rivalise avec celle des Pivoines, leur longue floraison qui ne 
s’arrête qu’aux premières gelées, en font une race de premier ordre. 

M. le vicomte Du Buisson a obtenu, depuis 1 859, 48 variétés de 
premier choix. A l’exposition horticole de Moulins (Allier) le jury lui a 
décerné la grande médaille de vermeil, faveur qui n’avait jamais été 
accordée à un horticulteur amateur. 

De toutes les fleurs coupées qui nous furent envoyées, cette année, 
à l’inspection, nous n’avons eu le temps que de reproduire les quatre 
variétés en question ; les autres étant plus ou moins fanées ou pas 
assez avancées, il nous fut impossible d’en reproduire assez exacte- 
ment la forme et les nuances. Nous nous réservons donc de les faire 
Octobre 4861. 19 


— 218 — 


connaître ultérieurement, et nous profiterons de cette occasion pour 
initier nos lecteurs au mode de culture adopté par M. Du Buisson et 
qui lui a valu ses succès. 


REVUE DES PLANTES NOUVELLES OU RARES. 


BOTANICAL MAGAZINE . 

uemirobuim HUiü , Hook. , Bot. Mag ., pl. 5261. — Fam. des 
Orchidées. — Gynandrie Monandrie. 

Sans pouvoir être compté parmi les espèces à grandes et brillantes 
fleurs, ce Dendrobium peut être rangé parmi les plus élégants et 
les plus gracieux de son genre : ses tiges et ses feuilles sont de pre- 
mière dimension et se rapprochent beaucoup, quant à leur aspect 
général, de Yhabitus du D . speciosum avec lequel on pourrait facile- 
ment le confondre; il en diffère pourtant notablement par son im- 
mense racème de fleurs blanches, de moyenne grandeur, très-serrées, 
qui lui donnent plus ou moins l’apparence d’une grappe de Saccolabium . 

Celte plante, qui diffère du D . undulatum par ses pétales non 
ondulés, a été envoyée au jardin royal de Kew, par M. Walter Ilill, 
le super-intendant du jardin botanique de Moreton-Bay (Nouvelle- 
Hollande). 

comphia oiivæformis , Saint-Hil., Flore du Brésil , v. I, p. 67. — 
Gomphia decorans, Lem., Jard . fleur., v. IV, pl. 415. Bot . Mag . 
pl. 5262 — Fam. des Ochnacées. — Pentandrie Monogynie. — 
Serre tempérée. 

Les Gomphia sont de jolis arbrisseaux ou petits arbres des régions 
tropicales, de l’Amérique du Sud, à belles fleurs, à feuillage orne- 
mental et sont encore rares dans les collections. Celui-ci, originaire du 
Brésil, d’où il a été introduit en Belgique, dans l’établissement de 
M. De Jonghe, à Bruxelles, par M. Libon, fut décrit sous le nom de 
decorans , par M. Lemaire, dans le Jardinier fleuriste. Sir W. Hooker 
le rapporte au G. olivœformis , d’après un échantillon qui vient de 
fleurir dans les serres de MM. Henderson et fils, de Wellington-Nur- 
sery, à Londres. 


— 219 


C’est un arbrisseau à belles feuilles dures, lancéolées-elliptiques, 
acuminées, finement serrulées dans leurs parties supérieures seule- 
ment; les fleurs, d’un beau jaune d’or, forment une belle panicule 
terminale. Sa floraison a lieu au mois de mai. 

Nous ajouterons qu’une seconde espèce, du même pays se trouve 
aujourd’hui dans les serres de M. Linden sous le nom de Gomphia 
Theophrasta ; elle diffère de l’autre par ses feuilles beaucoup plus 
grandes, entièrement dentelées, se rapprochant par leur texture et 
leur taille de celles du Theophrasta impérialis. 

Caladium foicolor, var. Versclaaffeltîl , ÏIOOK, Bot. Mag. y pl. 5263. 
Caladium Verschaffeltii , Lem., Illust. hort. — Fam. des Aroidées. — 
Monœcie Monandrie. — Serre chaude. 

Ce que nous avons dit, dans notre livraison précédente au sujet du 
Caladium Cliantinii , nous le répétons pour celui-ci. Sir W. Hooker 
semble rapporter toutes ces variétés au type bicolor. 

Ceriuthc retorta, Sm. in Sibth., fl. grœca, v. II, p. 60. Bot. Mag. y 
pl. 5264. — Fam. des Borraginées. — Pentandrie Monogynie. — 
Pleine terre. 

En voyant la figure de cette jolie plante , qui vient de fleurir en 
plein air, à Kew, nous avons été surpris de ne jamais l’avoir remar- 
quée nulle part dans nos jardins, et cependant peu de plantes méri- 
tent, plus que celle-ci, les honneurs de la culture. C’est une espèce 
herbacée à feuilles obovées-spathulées, embrassantes, d’un vert pâle 
entremêlé de macules blanchâtres, ou de taches rouges dans celles des 
jeunes pousses. L’inflorescence est en épis terminal, scorpioïde au 
sommet. Les bractées florales sont d’abord vertes, foliacées et dis- 
tancées; puis finissent par s’imbriquer et deviennent violettes ou 
pourpres au sommet de l’épis. Les fleurs qui naissent entre ces brac- 
tées passent du jaune pâle au jaune foncé; elles sont tubuleuses- 
claviformes, brusquement rétrécies à la gorge où elles sont marquées 
extérieurement d’un cercle d’un pourpre foncé; le limbe est court et 
d’un violet pâle. 

Cette plante est originaire du Peloponèse ; on la trouve aussi eu 
Dalmatie. 


— 220 — 


Chysls aurea, var. Ummlugliei , HOOK, Bot . Mag., pl. 5265, — 

Chysis Limminghei , cat . de J. Linden. — Fam. des Orchidées. — 

Gynandrie Monandrie. — Serre chaude. 

Dans la notice historique que Sir W. Hooker donne de ce Chysis , 
que M. Linden a nommé « Limminghei , » en l’honneur du jeune 
comte Alfred de Limminghe, et que le botaniste anglais rapporte à 
l’espèce aurea, il dit que cette variété passe pour être originaire du 
Guatemala ( Central-America ) et qu’à sa connaissance aucune descrip- 
tion n’en a été faite encore. 

Quant à la première assertion du savant botaniste anglais, nous ne 
sommes pas, en ce moment, en position de la contredire; mais en 
présence de la forme plus ramassée et épaisse des pseudobulbes du 
Chysis Limminghei (non Lemminghei) et , de plus, en prenant en 
considération les stations et les hauteurs différentes où croissent ces 
deux plantes, nous serions presque autorisé à ne pas admettre cette 
identité spécifique. En effet, tandis que notre plante croît, non pas au 
Guatemala, mais bien au Mexique, dans les forêts du littoral de la pro- 
vince de Tabasco, le Chysis aurea ne végète que dans les forêts humides 
de l’intérieur, entre 1000 et 2000 pieds au-dessus du niveau de la 
mer. Le Chysis Limminghei a été trouvé et récolté par le voyageur 
naturaliste Ghiesbreght en 1856 et introduit dans rétablissement de 
M. Linden à Bruxelles. 

Une description de cette plante faite par M. Ch. Lemaire a paru 
l’année dernière, dans V Illustration horticole . 

C’est aujourd’hui la plus belle du genre : ses bulbes sont relative- 
ment courts, fusiformes, très-épais au milieu; ses fleurs sont d’un beau 
blanc de crème, lavées de rose et comme glacées; le labelle est mar- 
qué de taches et de stries carmin ou pourpre. 


GARTENFLORA . 

statice fruticans , Wibb. pl. 519, mars 1861. — Espèce intéres- 
sante des îles Canaries et voisine du S. arborescens , dont elle diffère 
cependant par sa tige florale aplatie et tranchante aux deux côtés 
et par les ramifications de celle-ci visiblement ailées. Les fleurs lilas 
sont à centre plus foncé; les feuilles sont entières, coriaces, ondulées, 
d’un vert bleuâtre. 


— 221 


aris scfosa, Pàll. ; livr. d’avril 1861, p!. 522. — Plante recom- 
mandable pour la pleine terre, à fleurs grandes, d’un bleu violet et 
qui se distingue par l’exiguité de ses pétales intérieurs. Elle est origi- 
naire de la Sibérie. 

Dendrobium primuiinum , Lindl; livr. de mai 1861, pl. 526. — 
Le Gartenflora nous offre une très-belle figure de ce joli Dendrobium 
à pétales roses et à labelle blanc, que S. W. Hooker a fait figurer 
pl. 5005 du Bot. Mag. sous le nom de D. nobile palidiflorum. 

Tydæa pyraïuidalis muUiflora^ livr. de juin, pl. 528. — Nou- 
velle et remarquable variété obtenue du croisement des « Isoloma 
Trianœi et T. Meyerbeer » par MM. J. J. Gottholdt et C ie à Arnstadt. 
L’abondance de sa floraison et la riche nuance d’un rouge de feu de 
scs corolles en font une plante très- méritante. La même livraison 
représente six variétés nouvelles de Viola tricolor maxima , très-dis- 
tinguées, obtenues par le même horticulteur. 

Nerinc sarnienslg, var. venusta, pl. 552, liv. de juillet 1861. — 
Plante bulbeuse déjà ancienne, mais toujours nouvelle par sa beauté. 
Elle diffère de l’espèce type par ses fleurs couleur cinabre tandis que 
l’autre les a roses. 

Antl’ospernium Kraussli, SCHULTZ ; livr. d’août 1861, pl. 555. — 
Plante de la famille des composilées, cultivée depuis dix ans dans les 
jardins sous les noms de Venidium arctotoides , calendulaceum et 
multiflorum. C’est une espèce annuelle, encore peu répandue et qui ne 
manque pas de mérite. Elle est de petite taille, à feuilles presque 
lyrées, velues, d’un vert pâle émettant de nombreuses tiges florales 
uniflores, à grandes fleurs d’un jaune d’or. On la sème, comme la 
plupart des plantes annuelles, en mars ou en avril. 


— 222 


REVUE DE L'HORTICULTURE FRANÇAISE. 

Les nouveautés et les découvertes en horticulture. — Les auteurs anciens. — Le 
pincement. — Culture des arbres fruitiers dans les sols arides et peu profonds. 

— L’Érable à sucre. — Les Eucalyptus. — Nouveau mode de taille du groseitler. 

— Perfectionnement dans la culture du melon. — Les pommes de terre Blan- 
chard et Marjolin. — Culture simplifiée du champignon de couche. — Cres- 
sonnières artificielles. 

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil; cette vérité, devenue banale 
à force d’être répétée, trouve de fréquentes applications en horticul- 
ture. Il est rare que la communication d’un nouveau procédé ne soit 
pas suivie de réclamations de priorité, en faveur d’auteurs anciens ou 
contemporains. Cela ne doit pas nous étonner. L’horticulture ne date 
pas d’hier; depuis plusieurs siècles, on a beaucoup écrit sur cette ma- 
tière. On ne saurait exiger des amateurs, et encore moins des jardiniers, 
qu’ils connaissent tous les ouvrages publiés, ouvrages dont plusieurs 
sont du reste très-volumineux, souvent fort rares et d’un prix élevé. 
Aussi ne saurait-on trop hautement approuver la publication des 
abrégés, tels que celui queM. Ch. Morel vient de donner de l’ouvrage 
de la Quintynie (4). L’honorable vice-président de la Société centrale 
d’horticulture a présenté sous une forme succincte les instructions du 
célèbre jardinier sur la culture des arbres fruitiers et des plantes pota- 
gères, qu’il a mises, par de savantes additions, au niveau des progrès 
de la science. Un travail analogue sur les ouvrages d’Olivier de Serres 
ne manquerait pas d’intérêt. 

Des résumés clairs et précis, au moins pour les auteurs classiques, 
indiquant d’une manière sommaire ce qui appartient en propre à 
chacun d’entre eux, seraient de la plus grande utilité, en ce qu’ils 
diminueraient le nombre de ces prétendues découvertes, dont les au- 
teurs sont d’ailleurs le plus souvent de très-bonne foi, ne connaissant 
pas et ne pouvant pas connaître tout ce qui a été écrit avant eux. 
Quant à nous, on comprend que nous ne pouvons entrer chaque fois 
dans de longues discussions, qui auraient pour nos lecteurs un intérêt 
purement secondaire. Nous continuerons donc à enregistrer les faits 
nouveaux, ou du moins oubliés et remis en lumière, en un mot assez 

(1) Un vol. in-8° avec figures. Prix, 5 fr. — Ve Parent et Fils, éditeurs, 
montagne de Sion, 17, à Bruxelles. 


— 225 — 

peu connus pour qu’il y ait lieu d’appeler sur eux l’attention des hor- 
ticulteurs. Nous désirons rendre justice à tous, sans pour cela décou- 
rager les travailleurs consciencieux. 

La question du pincement est toujours en litige. Si les arboricul- 
teurs éminents 'que compte dans son sein la Société centrale se sont 
généralement montrés peu favorables à la nouvelle méthode, des maî- 
tres qui font justement autorité, MM. Du Breuil, Baltet, Lahérard et 
autres l’ont hautement approuvée. Nous tiendrons nos lecteurs au cou- 
rant de la discussion. 

On sait que généralement le Poirier ne prospère pas dans les sols 
arides et peu profonds; greffé sur franc, il arrive rarement à prendre 
possession du sol et à y trouver la nourriture convenable ; sur coignas- 
sier, après avoir végété péniblement deux ans au plus, il se couronne, 
jaunit et meurt. Le hasard a fait découvrir à M. Thirion (de Senlis) 
que des poiriers greffés sur franc, plantés, à l’âge de deux ans, dans des 
pots de O m , 25 à O m , 50 de diamètre, et mis en pleine terre deux ans 
après, réussissaient parfaitement dans les sols qui nous occupent. 
M. Picquery employait, dans les mêmes circonstances, un procédé plus 
avantageux encore; il plantait ses arbres dans de petits tonneaux 
défoncés par un bout; au bout de quelques années, les douves étant 
pourries, les racines s’étendaient au dehors; mais la forme contournée, 
souvent horizontale, qu’elles avaient prise, en maintenait toujours une 
partie dans le bon sol. 

M. Duchartre rappelle à ce sujet un procédé ingénieux et écono- 
mique, conseillé et pratiqué par Lardier, pour obtenir des arbres 
fruitiers bons à planter dans les sols très-peu profonds. Il consiste à 
établir une petite pépinière dans une couche peu épaisse de terre 
reposant sur un fond impénétrable en planches bien jointes. Les racines 
s’étalaient forcément dans une direction horizontale et pouvaient ensuite 
s’accommoder au sol peu profond où elles étaient placées à demeure. 

Au nombre des végétaux exotiques que la Société d’Acclimatation 
s’occupe activement d’introduire, nous devons citer l’Érable à sucre, 
sur lequel M. H. Nawkaski lui a communiqué de nouveaux détails. Cet 
arbre habite le nord de l’Amérique, le Canada particulièrement; il 
prospère surtout dans une terre grasse et non sablonneuse, sur les 
versants des collines exposés au soleil. On en distingue deux variétés, 
ou peut-être deux espèces; l’une (Érable proprement dit), fournissant 
plus de sucre; l’autre ( Plaine ), donnant un sucre plus blanc. On obtient 


— 224 


ce produit en faisant des incisions au tronc et aux grosses branches, à 
lepoque où les nuits sont froides et les journées bien éclairées par le 
soleil; mais les vents du Nord sont nuisibles. Chaque arbre donne en 
moyenne une livre de sucre, dont le prix de revient est de 30 à 35 cent. 
Ce sucre peut être raffiné. L’Érable à sucre supporte bien en pleine 
terre le climat de la France. 

Il n’en est pas de même des Eucalyptus , arbres intéressants, origi- 
naires de l’Australie et qui ne paraissent guère pouvoir végéter en plein 
air que dans notre colonie d’Alger ou dans les régions les plus chaudes 
du midi de la France. M. Ramel nous apprend que YEucalyptus 
ohosa, arbre de médiocre grandeur et qui occupe des espaces immenses 
sur le continent australien, pousse à la surface du sol des racines hori- 
zontales; lorsqu’on coupe celles-ci, il en découle une eau très-pure et 
très-saine. Ses feuilles fournissent en abondance une huile que l’on 
emploie pour l’éclairage. 

M. Boussière, vice-président honoraire de la Société centrale, a fait 
subir avec succès à la taille habituelle du melon la modification sui- 
vante. La première taille est pratiquée seulement au-dessus de la qua- 
trième feuille, au lieu de la seconde; les pousses qui naissent à fais- 
selle des deux feuilles supérieures sont supprimées. Les deux cotylédons 
sont conservés tant qu’ils sont en état de fournir quelque nourriture ù 
la jeune plante; mais on supprime les petits rameaux qui naissent de 
leur aisselle. 

M. Fortier-Marchand a communiqué à la Société d’Horticulture de 
l’Aube une nouvelle méthode de culture des groseillers. Elle consiste 
surtout à tailler long dans les premières années, et très-court quand 
les arbustes sont à fruit, afin d’avoir de beaux produits. Sous ce rap- 
port, la forme en quenouille est bien préférable à la forme ronde ou 
en boule, qui plaît davantage à l’œil. M. Forlier laisse sur chaque pied 
quatre ou cinq branches, qui durent cinq ou six ans; puis il les rem- 
place par de nouvelles, ce qui fait que l’arbuste est toujours jeune. Il 
recommande encore de pincer au-dessus du troisième nœud toutes les 
branches latérales quand le fruit a atteint la moitié de sa grosseur; 
cette opération a l’avantage de rendre les fruits meilleurs et la récolte 
plus facile. 

On a beaucoup discuté sur la valeur relative des pommes de terre 
Blanchard et Marjolin. M. Gosselin, ayant fait quelques essais, a 
reconnu que cette dernière donnait un produit double en moyenne. De 


— 225 - 


plus, comme ses liges s’élèvent très-peu, elle est bien plus propre que 
l’autre à la culture forcée sous châssis. 

M. Labourdette a mis sous les yeux de l’Académie des sciences, des 
champignons de couche pesant en moyenne 600 grammes. Le sol sur 
lequel ils ont été obtenus se composait uniquement de sulfate de chaux 
fortement tassé; l’engrais ordinaire a été remplacé par du nitrate de 
potasse, enfoui, avec les spores de l’Agaric, à une profondeur de 5 à 
4 millimètres. Il y a là le germe d’une révolution dans la culture du 
champignon de couche. L’ancienne méthode est, comme on sait, fort 
compliquée, et les produits qu’elle donne ont un poids moyen de 
100 grammes. 

Le journal le Sud-Est signale l’avantage qu’il y aurait à établir des 
cressonnières artificielles partout où coulent des eaux de sources, au 
lieu de laisser envahir celles-ci par les roseaux ou d’autres herbes tout 
au moins inutiles. L’établissement de ces cressonnières est peu coûteux ; 
il suffit en effet de vider les fossés, de les débarrasser des mauvaises 
herbes, puis d’enfoncer dans la vase ou dans le gravier des plants ou 
des racines de cresson, avant d’y ramener l’eau. Les cressonnières du 
Pas-de-Calais donnent un produit qu’on peut évaluer au moins à 
2,400 francs par hectare. A. Delort. 


MISCELLANÉES. 

L’OEILLET ET SA CULTURE. 

(Troisième article. — Voir la livraison précédente, page 205.) 

Multiplication. — On sait que la multiplication a pour but la con- 
servation de l’espèce ou de la variété. Elle est d’autant plus nécessaire 
chez l’œillet qu’il n’est en réalité qu’une plante bisannuelle, bien qu’on 
puisse, dans certains cas, la conserver pendant un plus grand nombre 
d’années. Mais laissée en place et abandonnée à elle-même, elle doit 
nécessairement périr au bout de la seconde année. 

La multiplication se fait de deux manières :par semis et par marcot- 
tage. Le premier mode, le plus naturel, d’après l’ordre établi, est fort 
chanceux comme le dit avec raison M. Van Iloutte, et doit être laissé 


226 — 


aux horticulteurs qui le pratiquent dans le seul but d’obtenir de nou- 
velles variétés; nous disons chanceux, parce que sur mille plantes on 
obtient à peine une ou deux bonnes variétés. Ceci ne veut pas dire que 
nous déconseillons à l’amateur de pratiquer le semis; bien au contraire, 
car s’il veut en courir la chance, le gain d’une ou deux bonnes variétés 
peut lui donner assez de satisfaction pour le dédommager de ses peines 
et de son attente. Pour obtenir des résultats satisfaisants dans ce genre 
de multiplication, on ne doit récolter la graine que des variétés les 
mieux marquées, ou ne pas marchander le prix de la graine qu’il s’agit 
d’acheter pour se former une collection. 

Dès le mois de mars, ou au plus tard au commencement d’avril, on 
sèmera en terrines, sur couche tiède, ou en pleine terre à l’exposition 
du midi sur une plate-bande adossée contre un mur; on recouvrira la 
graine d’une légère couche de terre sablonneuse, et on aura soin de pré- 
server le semis des fortes pluies et des rayons trop ardents du soleil, 
tout en maintenant constamment le sol humide. Nous préférons le 
semis sur couche tiède et fait de bonne heure, parce que la graine lève 
plus tôt et les plantes acquièrent plus de force pour l’époque critique 
de l’automne et de l’hiver. La terre pour les semis doit être légère, 
substantielle et demi-sablonneuse. 

Aussitôt que la graine commencera à germer, ce qui a lieu 12-15 jours 
après qu’elle est mise en terre, on se bornera à surveiller et à éloigner 
les larves et les vers, très-friands de ces jeunes plantes. A la seconde, 
d’autres disent à la troisième paire de feuilles, on commencera par 
élaguer en repiquant ailleurs les jeunes plantes que l’on aura enle- 
vées. Celles destinées à la pleine terre seront plantées à une distance 
de 4-5 pouces, sur une plate-bande préparée d’avance comme nous 
l’avons dit plus haut; le sol sera tenu propre et arrosé tous les jours 
dans les temps de sécheresse. Celles destinées à être plantées en pots 
seront traitées comme nous l’indiquerons plus bas, au paragraphe trai- 
tant du rempotage. Elles doivent être, immédiatement après la trans- 
plantation, copieusement arrosées à la pomme et protégées, pendant 
quelques jours, contre le soleil. Pas n’est besoin de dire que les 
jeunes plantes élevées en pleine terre deviennent plus robustes que 
celles plantées en pots, et que ces dernières devront être rentrées au 
commencement de l’hiver. Pour les semis faits sur une grande échelle, 
on ne peut naturellement se servir de ce dernier mode de culture , 
parce qu’il demande trop de soins. On se borne à garantir les 


— 227 — 

plantes en pleine terre au moyen de claies recouvertes de branches. 

Aux premiers jours favorables du printemps toutes ces jeunes 
plantes seront placées, les unes sur une nouvelle plate-bande, à 
1-1 - pied de distance, les autres séparément dans des pots de la 
dimension voulue pour les y laisser fleurir. Les racines devront être le 
plus possible dirigées vers le bas du pot; l’arrosement augmentera en 
raison du développement de la végétation. Un point essentiel, c’est la 
grande propreté pendant l’hivernage. 

Le marcottage, qui n’a pour but que de conserver le type de l’individu 
par le moyen de fragments de la plante, est une opération des plus 
faciles. On choisit sur les vieux pieds, ayant fini de fleurir, les jets les 
plus jeunes et les plus longs; on fait une petite rigole à proximité, 
dans la terre adjacente; on y couche le rejeton, en enlevant les feuilles 
là où il doit être enterré et en y faisant une incision peu profonde, 
juste au-dessous du nœud qui doit plonger dans le sol, puis on l’y fixe 
au moyen d’un crochet de bois et on recouvre avec quelques centi- 
mètres de terre que l’on presse avec les doigts pour l’affermir. Après 
cela on arrose à la pomme. Cette incision doit être assez profonde pour 
que l’on puisse donner au rejeton la courbure nécessaire. Au bout de 
4-5 semaines, les marcottes sont enracinées; on les plantera comme 
nous l’avons indiqué pour les semis. 

Il y a encore un autre moyen de multiplication, mais moins certain, 
c’est celui pratiqué par boutures. A cet effet, on choisit les rejetons les 
plus avancés que l’on coupe à quelques lignes au-dessous du troisième 
nœud; on fend cette partie longitudinalement en croix jusqu’au nœud 
même, et on l’enterre en écartant horizontalement les quatre chicots. 
Les Allemands ont l’habitude de fendre ainsi la tige d’un nœud à 
l’autre. Quant à nous, nous préférons une simple tranche tant soit 
peu oblique, faite immédiatement au-dessous du nœud, avec un instru- 
ment bien tranchant, ou bien la section des plus jeunes pousses tout 
près de la souche. 

Après le marcottage les vieux pieds, dit M. Van Houtte, ne sont ordi- 
nairement plus bons à rien. Nous conseillons aussi de les réformer. Il 
ajoute que les Picotes se marcottent surtout avec la plus grande 
facilité, ainsi que les unicolores et les bizarres. Ceux qui exigent plus 
de chaleur que la saison dans laquelle on opère ne le comporte, 
doivent être marcottés sans châssis, et dans ce cas les vitraux devront 
être ombrés. Les marcottes faites à l’arrière-saison ne devront , pour 


228 — 


plus de sûreté, être détachées du pied qu’après l’hiver et ensuite ren- 
forcées sur plate-bande. 

Floraison . — La floraison de l’OEillet commence au mois de juillet 
et se continue, sans interruption, jusqu’à la fin d’août ou jusqu’en mi- 
septembre, selon la précocité des variétés. Puisque tous nos efforts 
doivent tendre à obtenir cette floraison dans tout son éclat, nous ne 
devons rien négliger pour atteindre ce but. 

Avant tout, l’amateur doit moins s’efforcer à produire un grand 
nombre de fleurs que des fleurs bien constituées. Si c’est là son inten- 
tion, il ne devra pas perdre de vue les détails suivants : 

Sortir les plantes le plus tôt que faire se peut pour qu’elles se forti- 
fient, car si elles restaient trop faibles, elles ne donneraient pas de 
marcottes et la floraison laisserait à désirer ; supprimer les tiges à fleurs 
qui dépasseraient le nombre de 5-4 et enlever les boutons trop nom- 
breux, en n’en laissant que 5-4 par tige. Si l’on voulait sacrifier les 
fleurs pour obtenir un plus grand nombre de marcottes, il faudrait 
supprimer les premières tiges florales à mesure qu’elles se montrent 
et n’en laisser plus tard qu’une ou deux dont les fleurs alors ne se 
développeront que mieux. Cela se pratique souvent chez nous horti- 
culteurs. 

Un des grands défauts de l’OEillet et qui fait le désespoir des ama- 
teurs, c’est la facilité avec laquelle les calices des fleurs se rompent. 
Nous attribuons cet accident, comme nous l’avons déjà dit ailleurs, à 
un excès d’eau ou à une nourriture trop forte. Néanmoins, comme il 
est très- difficile d’obvier entièrement à cet inconvénient, par la raison 
qu’il est moins aisé de calculer exactement la qualité et la quantité des 
engrais contenus dans le sol, que la somme d’eau que nous adminis- 
trons à volonté, il ne nous reste, pour les exemplaires en pots, qu’un 
seul moyen artificiel et fort simple à recommander, c’est de faire une 
ligature autour du calice, au dernier moment, au moyen d’une bande 
légère que l’on réunit par les deux bouts avec de la gomme ou que l’on 
maintient en place par deux morceaux de fil de laine, que l’on y fixe 
en roulant les extrémités entre les deux doigts. En Angleterre, on 
emploie ce moyen avec succès; nous ne le recommandons toutefois que 
pour les variétés exquises. 

Nous avons déjà dit qu’il faut rentrer les OEillets en pots et les 
abriter, au moment où les boutons commencent à se monter en cou- 
leurs; cette précaution est indispensable si l’on veut jouir d’une belle 


— 229 — 


et longue floraison; nous ajouterons qu’il faut cependant se garder de 
trop les ombrer; une lumière tant soit peu diffuse vaut mieux. 

Rempotage. — Une des grandes précautions à prendre pendant cette 
opération, c’est d’éviter que la terre ne se détache des racines; si ce 
malheur arrivait, il faudrait, pendant deux ou trois jours, traiter la 
plante comme une bouture en la recouvrant d’un pot à fleur qu’on 
n’ôterait qu’à l’entrée de la nuit. Sous cet abri, la plante reprendra 
facilement. Le premier rempotage des marcottes se fera dans des pots 
de trois pouces de diamètre pour les plantes isolées, et dans des pots 
de 6-S pouces de hauteur sur 9-10 de largeur pour celles que l’on réu- 
nira à 5-4 dans le même pot. L’un ou l’autre de ces moyens sont bons, 
mais nous conseillons de planter de préférence isolément, parla raison 
qu’on risque moins d’en détacher la terre au second rempotage, pour 
lequel on emploiera les pots de la plus grande dimension que nous 
venons de citer. On aura soin de drainer convenablement ces pots avec 
des tessons mêlés de charbons de bois. Les dernières marcottes seront 
détachées et plantées au commencement d’octobre. Au mois de no- 
vembre, toutes les plantes en pots devront être rentrées, pour ne sortir 
que dans les premiers jours de mars st le temps le permet. C’est alors, 
ou peu de temps avant leur sortie, que les jeunes plantes doivent subir 
leur dernier rempotage et que l’on devra placer les tuteurs qui seront 
de 5 pieds de longueur et distancés de 2 pouces de la plante. 

Nous répétons encore ici, que, pendant l’hiver, les OEillels doivent 
être constamment aérés, même pendant les gelées et qu’alors surtout, 
la propreté est de rigueur. On doit principalement éviter la chaleur et 
une lumière diffuse. L’exposition la plus froide, c’est-à-dire, celle qui 
maintient les plantes en repos complet jusque vers la fin de février ou 
le commencement de mars est la plus à désirer, car si l’OEillet com- 
mençait à végéter trop tôt, ou il faudrait retrancher ses premières 
pousses ou celles-ci resteraient trop faibles pour donner une bonne 
floraison. 

Conservation. — L’OEillet est une plante qui tend à dégénérer rapi- 
dement et qui dépérit par suite de la moindre négligence. Les causes 
de celte dégénérescence sont : un sol trop maigre, une culture peu judi- 
cieuse, ou le manque de soins continus; ajoutons à cela, la nature 
même de la plante qui tend à dégénérer naturellement si on l’aban- 
donne à elle-même. Aussi, est-ce là le motif qui nous fait conseiller 
de réformer les vieilles plantes et de ne conserver que les jeunes. Ceci 


— 250 — 


nous explique suffisamment l’importance du marcottage au moyen 
duquel nous conservons les variétés intactes. La facilité avec laquelle 
se fait cette opération n’est donc pas un empêchement à pratiquer cette 
méthode régulièrement, en se conformant au conseil que nous avons 
donné plus haut. 

Quant au dépérissement, nous l’attribuons à l’usage fatal de laisser 
un trop grand nombre de fleurs à la plante, au manque d’air et à la 
malpropreté pendant l’hivernage, ainsi qu’à la négligence des arrose- 
ments pendant les grandes chaleurs. Nous avons déjà rendu attentif 
sur ce point capital et nous ne pouvons trop insister pour que l’on y 
apporte la plus grande attention. 

L’OEillet a aussi un grand nombre d’ennemis qu’il faut savoir éloi- 
gner ou combattre dans l’intérêt de sa conservation. Ces ennemis sont 
les lapins, les limaces, les perce-oreille, les chenilles, etc. Les plantes 
en pleine terre ont surtout à redouter les lapins si le jardin n’est pas 
clôturé de murs; les limaces et les chenilles doivent en être écartées 
par des visites régulières faites le matin de bonne heure; les perce- 
oreille se prennent au moyen de petits pots remplis de foin humide et 
placés à rebours au sommet des tuteurs. En visitant ces pots dans la 
journée, on les y trouve réfugiés et alors rien de plus simple que de les 
détruire. Le ver blanc du hanneton et la taupe-grillon sont très-friands 
des racines de la jeune plante; la seule chose à faire, pour les tenir à 
l’écart, c’est de visiter la terre qui sert au rempotage ainsi que celle 
des plates-bandes qui doivent recevoir un plant d’OEillets. 

La plupart des amateurs perdent leurs OEillets faute des soins les 
plus simples et en abandonnent la culture, sous le prétexte que ces 
plantes sont trop capricieuses ou trop délicates. Nous ne saurions être 
de cet avis, par la raison fort simple, que ce prétexte n’en est pas un; 
on a pu voir, au reste, que les soins que l’OEillet réclame, se bornent 
à peu de chose, à une surveillance un peu plus qu’ordinaire, et nous 
ajouterons que les résultats, qui en sont la suite, compensent largement 
la sollicitude que l’on aura eue pour cette belle plante. 

Pour nous conformer à la demande de quelques-uns de nos abonnés, 
nous compléterons ce travail prochainement en publiant une liste des 
meilleures variétés d’OEillels aujourd’hui répandues dans le commerce. 


— 231 — 


MONOGRAPHIE DES AGAVÉES, 

PAR LE D r GARL KOCH , 

Professeur à l’Université de Berlin (1). — Traduit de l’allemand par A. de Borre . 

Les terrasses élevées de la Californie méridionale et des parties septen- 
trionales de la République mexicaine présentent souvent, pendant la 
saison chaude, un aspect triste et désolé, à cause du manque d’eau; cela 
ne les empêche cependant pas de compter au nombre des contrées gran- 
dioses de l’Amérique. Tour à tour ce sont des rochers à parois raides, 
ou des amas de pierres éboulées, à peine garnies de misérables lichens, 
premiers rudiments de végétation. Un calcaire appartenant à une 
époque plus récente se trouve bien égrené et transformé en partie en 
une terre gris-jaunâtre, mais l’action du temps n’a pu agir que bien 
faiblement sur la roche dure et d’origine volcanique qui se rencontre 
en d’autres endroits; ce n’est donc que çà et là que la surface du sol 
présente une faible couche de terre produite par la décomposition des 
roches, mais cette terre n’offre aussi que peu de traces de vie végétale, 
surtout par suite du manque d’eau, ce véhicule important de la nutri- 
tion des plantes. Mais il n’en est plus de même là où il existe de grands 
plateaux entrecoupés de lacs et de rivières, car alors on y rencontre 
souvent la plus florissante végétation. 

Dans les lieux secs et plus montagneux, on trouve des végétaux par- 
ticuliers, le plus souvent isolés, parfois aussi réunis en groupes, et 
qui se distinguent par une tige charnue, absolument dépourvue de 
feuilles, ou par des feuilles grandes et épaisses, portées par une tige 
peu marquée ou au moins fort courte. L’abondance d’eau contenue 
dans ces plantes, qui forment la famille des Cierges ou Cactées, ou qui 
appartiennent à celle des Agavées, forme un contraste frappant avec 
la sécheresse qui règne, et dans l’air, et dans le terroir. La nature y a 
pourvu en leur donnant, surtout dans l’Epiphlœum ou couche subé- 
reuse de l’écorce, des cellules dont les parois ne laissent pas échapper 
l’eau, comme chez les autres végétaux; en même temps, et principale- 
ment dans les cellules plus vivantes de l’intérieur, se produisent des 
actes nutritifs particuliers, au moyen desquels l’eau, qui n’existe 


(t) Wochenschrift fur Gartnerei und Pflanzenkunde , 1860, p. 3. 


— 252 


jamais en quantité suffisante , à cause de la température de l’air 
extérieur, est avidement attirée et retenue. 

Pour ce qui regarde les Cierges, ce sont surtout des tiges ramifiées 
et déprimées en forme de feuilles, ou des formes columnaires, que Fon 
considère comme appartenant aux genres Opuntia et Cereus (dans leur 
plus vaste acception), et qui généralement croissent par groupes dans 
les contrées dont nous venons de parler. Les autres Cactées, comme les 
Mammilaria , E chino cactus , etc., croissent de préférence dans les 
plaines sèches et privées d’eau pendant l’été, qui existent dans toute 
l’Amérique méridionale et sont connues sous les noms de Llanos et de 
Pampas; les troupeaux de chevaux, retournés à l’état sauvage, qui 
habitent ces plaines, ont coutume de briser à coups de pieds ces plantes 
pour apaiser leur soif avec l’eau qu’elles contiennent. Mais ce ne sont 
pas les Cactées qui vont faire l’objet de notre travail ; ce sont les plantes 
de l’autre famille que nous avons tantôt nommée, les Agavées. 

Si les Agavées, comme nous l’avons dit, sont des plantes d’une grande 
influence sur l’aspect du paysage dans leur patrie, elles ont aussi une 
grande importance au point de vue horticole. De plus, beaucoup d’entre 
elles, et notamment celle qui est le plus répandue chez nous, VA gave 
americana, se ressentent très-peu de nos conditions de climat, et peu- 
vent même supporter un froid de quelques degrés. Elles s’emploient 
de la manière la plus convenable sur les terrasses, à l’entrée des par- 
terres, de préférence dans les parties des jardins qui doivent revêtir 
un aspect exotique, et également sur les piliers des portes et le cou- 
ronnement des murailles. Elles font aussi fort bien dans un jardin un 
peu grand et élégamment disposé, en leur donnant un piédestal parti- 
culier ou en les plantant dans une urne ou autre vase analogue. Cela 
peut surtout se faire dans le voisinage des jets d’eau et des autres ou- 
vrages hydrauliques, mais pas trop loin de la maison. Elles font même 
aussi de l’effet environnées de parterres de fleurs, ou plantées au mi- 
lieu de la courbure intérieure d’une grande pelouse. 

Dans le jardin de M. Borsig, à Berlin, on voit deux magnifiques 
exemplaires d’une variété vert-bleuâtre de VA gave americana à l’ex- 
trémité d’une pelouse, entre deux petites pièces d’eau environnées de 
parterres de fleurs, ce qui contribue à former l’effet charmant que 
nous avons indiqué. Le jardinier en chef, M. Gaerdt, y a élevé deux 
pyramides en laitier noir de quatre pieds de hauteur, portant des pots 
en forme d’urnes avec des Agave , et autour de ces pyramides grimpent 


253 — 


des Lierres d’Éeosse , pas trop touffus. Quelques exemplaires de 
Y Agave filifera et du Dasylirion acrotrichon , placés de la même 
manière, font encore plus ressortir la beauté des deux Agave vert- 
bleuâtre. 

Les Agave , à l’exception naturellement des espèces trop herbacées, 
sont encore très-convenables pour la décoration des grands rockworks. 
On peut même arriver à produire un ensemble très-agréable au moyen 
d’un simple rocher artificiel, que l’on couronne d’un Agave, et dont on 
garnit les interstices avec des plantes grasses indigènes, comme des 
Jourbarbes ( Sempervivam ), ou même des Sedum, entre autres le 
S. Fabaria, à fleurs rouges, qui prend une coloration brun rougeâtre, 
et le S. Telephium , mais surtout avec des Joubarbes des Canaries, 
dont on a fait récemment avec raison le genre Æ onium* 

Les Agave s’assortissent encore mieux avec les Cierges et les Yucca, 
qui leur sont déjà géographiquement réunis. Le goût de ces plantes 
grasses est redevenu à la mode ; et pourtant, à peu d’exceptions près, 
on les cultive encore comme jadis, dans des caisses, et sans la moindre 
idée de groupement esthétique. De cette manière, abstraction faite de 
ceux qui aiment le baroque, on ne peut à notre avis, en avoir aucune 
jouissance artistique, hormis le cas où l’une ou l’autre des espèces 
vient à montrer ses belles fleurs. Mais combien une telle floraison 
n’est-elle pas rare chez nous ! La proscription dont on frappe les Cac- 
tées se comprend d’autant moins que ces plantes, mises en plein air 
pendant la belle saison, y prospèrent mieux et prennent de la force 
pour résister aux rigueurs de l’hiver. 

Nous ne nous rappelons avoir vu qu’un seul jardin où les Cactées 
eussent çpçu un arrangement conforme au bon goût, quoique dans un 
espace limité. C’était chez Fr. A. Haage jeune, à Erfurt. Nous recom- 
mandons cet arrangement à tous les amateurs. Assurément il pourrait 
encore gagner en se déployant sur un plus grand espace et en recevant 
aussi des Agave et des Yucca . 

Il y avait un très-beau groupe d 'Agave au Parc de Weimar, à l’époque 
où M. Petzold, aujourd’hui inspecteur du Parc à Muskau, en avait 
encore la direction. Il s’y trouvait dix à douze plantes cultivées en 
pleine terre sur un monticule circulaire ; l’hiver, on les enfouissait sous 
des lits de feuilles et on les recouvrait d’une maisonnette. Elles crois- 
saient ainsi extraordinairement vite, et donnaient leurs fleurs beau- 
coup plus tôt, de sorte que, pendant de longues années, il s’y élevait 
Octobre 4861. 20 


— 234 — 


presque chaque été une puissante inflorescence qui contribuait à em- 
bellir l’ensemble. C’est là ce que nous recommandons sérieusement 
aux amateurs, d’autant plus que les frais d’entretien en sont très- 
minimes. 

Les Agavées sont concentrées dans l’Amérique centrale, le Mexique 
et la Californie méridionale, ainsi que dans les Antilles; elles dimi- 
nuent vers le nord et le vers le sud quant au nombre des espèces et à 
celui des individus. On pourrait peut-être nier que des membres de 
cette famille eussent été originairement aussi abondants qu’aujour- 
d’hui dans les contrées chaudes et reculées de l’Amérique du Sud. En 
tout cas, le nombre en devait certainement être moindre. Leur exis- 
tence comme plantes indigènes dans les Indes orientales et les îles de 
la mer du Sud, est plus que problématique. Quant à Y Agave ameri - 
cana L., il n’est évidemment pas indigène dans l’Europe méridionale, 
non plus que dans le nord de l’Afrique, bien qu’il y soit aujourd’hui 
comme naturalisé. 

V Agave americana , si pas même tous les Agave , appartient à celte 
catégorie de plantes qui, malgré les limites resserrées de leur patrie 
naturelle, se sont répandues au loin avec les hommes; une fois plan- 
tées dans un lieu où elles rencontrent des conditions favorables, elles 
s’y naturalisent bientôt, et s’y multiplient souvent d’eîles-mêmes sans 
le secours de l’homme à un tel point, qu’elles éliminent des plantes 
naturelles de l’endroit. 

Le nombre des plantes qui agissent de la sorte , est plus nombreux 
qu’on ne le croit; leur énumération ferait un travail intéressant. Nous 
mentionnerons, en passant, notre Folle-Avoine (Avena falua), qui croît 
aujourd’hui en quantités incroyables et couvre de grandes surfaces en 
Californie, surtout dans la vallée du Sacramento, dans des lieux où nos 
céréales n’ont encore été cultivées que bien peu ou même pas du 
tout. Elle y a métamorphosé complètement l’aspect naturel de la 
végétation. 

Nous possédons sur l’histoire des Agavées un excellent mémoire qui 
a été imprimé dans les numéros 44 à 51 du Münchener gelehrtcn 
Anzeigen de l’année 1855, et qui a pour auteur le célèbre voyageur au 
Brésil, Martius. Il a d’autant plus de valeur que nous possédons bien 
peu de semblables travaux, magré le besoin qui s’en fait sentir. Nous 
commencerons par lui emprunter quelques détails sur l’espèce qui 
nous est le mieux connue, VA. americana , dans l’espoir d’augmenter 


— 255 — 

l'intérêt qu’on porte déjà à cette plante assez répandue chez nous. Elle 
appartient en effet aux plantes utiles les plus importantes qui existent. 

Les pays méridionaux sont sous ce rapport plus favorisés de la na- 
ture que nous. En général nos plantes utiles ne nous donnent qu’un seul 
produit et ne trouvent qu’un seul emploi , tandis que celles des pays 
chauds répondent ordinairement à divers besoins. Nous pouvons citer 
les Bananiers, beaucoup de Palmiers , l’Arbre à pain, etc. Il en est de 
même, comme nous l’avons dit, de Y Agave americana et de plusieurs 
autres espèces semblables et également utiles. Depuis un temps immé- 
morial, on prépare avec les fibres de ces plantes grasses, dans les pays 
où elles croissent naturellement, toutes sortes d’objets tressés ou tissés, 
tels que des filets, des cordes, des souliers, des manteaux, qui sont 
extrêmement solides. Depuis longtemps, cette industrie s’est aussi 
établie dans les pays voisins, tels que l’Amérique du Sud, et plus 
récemment dans l’Afrique septentrionale, surtout à Tunis. Nous en 
possédons même des échantillons , entre autres des bonnets et des 
bourses, qui témoignent de l’excellence de ces fibres et se recomman- 
dent par là à l’attention du public. 

Aux Antilles, ce sont les Furcrœa qui sont utilisés de cette manière. 
Les hamacs où les indigènes dorment dans les temps chauds, sont 
particulièrement formés avec les fibres du F. gigantea ; et on en fait 
encore des filets, des nattes et surtout des housses de chevaux. De 
même, on nous apprend que la plus petite des espèces, Y Agave 
Poselgeri Salm-D., est employée dans sa patrie à faire une sorte de 
ficelle. 

Un phénomène bien singulier c’est que les fibres de ces plantes 
grasses, si remarquables par leur mollesse intérieure, présentent pré- 
cisément une solidité qui les rend propres à être employées dans les 
arts. Nous rappellerons, par exemple, le Sanseviera teretifolia , qui a 
été récemment figuré et décrit par Hooker, dans le Botanical Maga- 
zine , et qu’on utilise aujourd’hui sur les côtes occidentales et orien- 
tales de l’Afrique. Les fins tissus qui en proviennent se sont déjà intro- 
duits en Angleterre. 

Avec les feuilles de Y Agave americana , on fait encore du papier; 
et on les emploie aussi à couvrir les toits, tandis que les grandes 
épines servent d’aiguilles aux naturels , et fonctionnaient autrefois 
comme poinçons, dans les sacrifices. On fait des confitures avec le 
cœur de la plante ; le scape desséché devient un combustible. Enfin une 


— 256 — 


application des plus importantes est l’extraction d’une sève sucrée, 
qui sert à préparer le Pulque, la boisson nationale des Mexicains. C’est 
particulièrement dans ce but que l’on cultive la plante en grand dans 
presque toutes les contrées chaudes de l’Amérique. 

La formation de cette sève est d’une très-grande importance au point 
de vue physiologique; elle n’apparaît en grande quantité qu’à l’époque 
où les fleurs naissent avec leur scape ou support commun, mais elle 
existe depuis leur premier développement au cœur de la plante jusqu’à 
l’entier épanouissement et probablement même jusqu’à la maturité des 
fruits. 

La plante croît, suivant les conditions plus ou moins favorables du 
lieu où elle se trouve, pendant huit, dix ou quinze ans, par un simple 
grossissement des feuilles, sans qu’aucun changement se manifeste 
dans la tige qui reste raccourcie. Chez nous, cette phase dure encore 
plus longtemps, et beaucoup d’exemplaires semblent ne jamais arriver 
jusqu’à la floraison. Mais l’assertion que ces plantes doivent atteindre 
l’âge de cent ans avant de pouvoir fleurir, est de tout point fausse. 
Nous avons même vu en Allemagne des plantes qui, placées dans 
des conditions favorables, fleurissaient dès l’âge de quinze ans. 

Il existe pourtant d’autres espèces que nous a fait connaître le cé- 
lèbre voyageur Karwinsky, et qui doivent voir s’écouler l’espace de 
400 ans, avant que leur tige, haute alors de 15 à 16 mètres, déve- 
loppe une panicule de 5 mètres de hauteur seulement, qui se couvre 
d’une quantité de fleurs blanches, et présente le plus beau coup d’œil. 
Zuccarini a donc donné avec beaucoup de justesse à cette espèce l’épi- 
thète de longœva, c’est-à-dire qui vit longtemps ; sa description ( Acta 
Acad . LeopoldO'Carol. Nat . Cur. XVI, 2, p. 666, tab. 48) est accom- 
pagnée d’une planche faite d’après un très-joli dessin de Karwinsky. 
Le Furcrœa longœva pourrait bien être, de toutes les plantes mono- 
carpiennes, celle qui met le plus de temps à fleurir et à fructifier. 

En même temps, et probablement d’après les mêmes lois qui font 
que chez les femelles des mammifères, le lait se produit en abondance 
dans des organes de sécrétion particuliers, peu de temps avant et 
après la parturition, il s’opère chez ces plantes la plus riche formation 
de matières nutritives (gomme, suc aqueux, amidon, sucre, etc.), et 
avec tant de promptitude que le scape floral à peine sorti du bouton 
atteint dans sa patrie sur l’espace de 5 à 5 semaines une hauteur de 
6 mètres et plus, parfois même de 11 mètres. Chez nous, la marche de 


— 237 - 


ce phénomène est plus lente, et, en général, il faut en Allemagne un 
espace de 3 à 4 mois pour l’entier développement de ce scape. 

Une autre espèce, le Furcra gigantea, donne parfois des bulbilles 
au lieu de graines. Le scape ainsi chargé pèse environ 100 kil. et a par 
conséquent augmenté chaque jour d’un kil. Martius a vu une autre 
tige qui, dans l’espace de vingt et un jours, avait acquis une hauteur 
de 9 | mètres. 

Quand on considère quelles quantités de matières nutritives ont du 
être consommées, rien que pour produire toutes les cellules dans la 
formation de ce scape, et combien en outre il a fallu d’eau pour con- 
courir à cette assimilation, on se rend d’autant moins compte de la 
manière dont cela s’est fait, que l 'Agave fleurit justement à l’époque 
des plus fortes chaleurs, alors que l’air, et encore plus le terrain envi- 
ronnant, se trouve à son maximum de sécheresse. On doit encore plus 
s’émerveiller de la grande activité vitale des cellules, qui se trouvent 
en si peu de temps capables de rendre assimilables les matières ab- 
sorbées. On comprend qu’il serait ici impossible d’attribuer de pa- 
reils phénomènes à de simples affinités chimiques qui ne seraient pas 
déterminées et dominées par une puissance spéciale, inhérente à l’in- 
dividu vivant. 

Une particularité intéressante est que l’activité productrice de ces 
matières végétales n’est nullement enrayée, quand on enlève du cœur 
de la plante le commencement du scape. On fait même cette opéra- 
tion, afin d’obtenir cette sève riche en matière saccharine, et on pro- 
longe en même temps par là la durée de cette production de 3 et même 
de 3 mois au delà du temps normal de la floraison, qui est de quelques 
semaines. Suivant A. de Humboldt, les Indiens recueillent trois fois 
par jour une forte quantité de cette sève (200 pouces cubiques de 
Prusse) dans un réceptacle qu’ils forment en liant ensemble les feuilles 
supérieures. Dans les terrains moins fertiles, les sucs sont moins abon- 
dants, de sorte qu’on peut évaluer, en moyenne, le produit d’une 
plante, pendant toute la saison, à environ 130 bouteilles à vin; mais 
chez une plante vigoureuse, la production pourra parfois s’élever au 
double de la quantité indiquée par Humboldt. 

Du reste, dans notre climat, il ne peut être question d’obtenir de ces 
plantes une semblable production. Il est néanmoins à regretter qu’on 
n’ait encore fait aucune expérience à ce sujet. A en juger d’après la 
masse de nectar que l’on trouve chez nous dans leurs fleurs, la sève 


258 — 


fournie par la tige pourrait encore être en proportion notable. Cette 
quantité considérable de matières nutritives donne l’explication de 
la promptitude de la croissance, le sucre se transformant principale- 
ment en cellulose. La fécule, qui se dépose plus tard dans les graines, 
est en quantité relativement moindre. 

Les pays chauds nous présentent plus d’un exemple de semblables 
phénomènes. Ainsi nous devons notre Sagou et notre sucre de cannes, 
à une semblable activité vitale chez le Palmier à sagou et chez la Canne 
à sucre, pendant l’époque qui précède la floraison. Chez la Canne à 
sucre, si on laisse passer le moment précis où l’on doit couper les tiges, 
on n’obtient plus qu’une quantité de sucre beaucoup plus faible. Sui- 
vant M. de Martius, un seul Sagoutier de l’archipel de la Sonde, avant le 
développement de son inflorescence, haute de 6 mètres, peut donner 
400 à 150 kilogrammes de la farine nutritive que l’on a appelée Sagou. 

Comme nous l’avons dit précédemment, la sève des Agave sert au 
Mexique et dans les pays avoisinants, à fabriquer, par une simple 
fermentation, la boisson nationale, dite Palque. Elle ressemble, dit- 
on, pour l’aspect, à notre petit-lait, mais elle a le goût et les propriétés 
rafraîchissantes du cidre. La culture de ces plantes, quoique encore 
très-considérable, a beaucoup diminué, depuis que les Espagnols ont 
perdu le Mexique. Quoique, à celte époque, l’impôt prélevé sur l’intro- 
duction de cette boisson dans les grandes villes fût très-peu élevé, il 
montait en 1795, rien qu’aux portes de Mexico et de La Puebla, à plus 
de 800,000 dollars (4,144,000 francs). 

Chez une autre espèce, Y Agave potalorum Zucc., la masse des sucs 
nutritifs ne paraît pas être consommée entièrement par la plante, car 
les Mexicains en ramassent les vieux scapes, et, après les avoir dé- 
pouillés de leurs feuilles, les font servir à la préparation d’une bois- 
son enivrante particulière. 

Parmi les nombreuses espèces que nous cultivons dans les jardins, 
Y Agave americana est la première qui ait été introduite en Europe 
et elle s’est si promptement répandue en Portugal, en Espagne et en 
Italie, ainsi que sur la côte opposée de l’Afrique septentrionale, que 
l’on peut, comme nous l’avons dit, l’y regarder comme naturalisée. 
Elle doit avoir paru d’abord en 1561 en Italie, et deux ans après, 
le célèbre botaniste Clusius la vit aussi en Espagne, dans son voyage 
avec le marchand Fugger. A cause de ses feuilles épaisses, il la prit 
pour un Aloës, et il la décrivit comme telle. 


— 239 — 


An t. de Jussieu fut le premier qui distingua génériquement YAgave 
americana des Aloës, et d’après les documents existants, dès 1723, 
il le désignait dans ses leçons sous le nom â’Aloides, tandis que Linné 
continua à la considérer comme un Aloës jusqu’en 1763. C’est en cette 
année qu’elle reçut de lui le nom tYAgave, c’est-à-dire l’admirable, la 
superbe. Linné n’a décrit que quatre espèces du genre; après lui, 
Willdenow (1799) en compte déjà 7, et, en 1815 on en connaissait 
encore 3 de pius, d’après le Gartnerlexicon de Dietrich. Dans le 
Systema vegetabilium de Roemer et Schultes, on en trouve déjà 
décrites 21 espèces, dont trois à la vérité sont douteuses. Les décou- 
vertes de Karwinsky y ajoutèrent 7 nouvelles espèces. Kunth (1840) 
en connaît 46, plus une douteuse, et onze connues seulement de 
nom, ce qui porte le chiffre total à 58. Depuis cette époque, plus de 
20 espèces encore ont été décrites ou au moins introduites dans les 
jardins, ce qui fait qu’on en peut connaître maintenant plus de 
70 espèces. 

Jacquin remarquait déjà en 1788 ( Collect ., II, p. 312), qu’un petit 
nombre à’ Agave se distinguaient essentiellement du reste des espèces 
par une corolle à six pétales, et il croyait que ce motif était suffisant 
pour la création d’un nouveau genre. Ce genre fut établi cinq ans 
plus tard (Bail, des séances de la Soc. Philom ., I, p. 65) par Yentenat, 
professeur de botanique à Paris, qui le nomma Furcrœa , en l’honneur 
de son collègue, le professeur de chimie Fourcroy. Ce nom, qui était 
bien latinisé, fut pourtant changé par de Candolle et Tussac en Fur- 
crœa, et Schultes poussa même le pédantisme germanique jusqu’à 
vouloir rétablir le nom dans toute la rigueur de son orthographe, et 
nomma le genre Fourcroya , puis Endlicher le changea encore en 
Furcroya. Nous avons ainsi pour ce genre quatre orthographes diffé- 
rentes, dont nous adoptons et recommandons la plus ancienne (1). 

Nous doutons toutefois que le genre Furcrœa soit un bon genre. 
En tout cas, il n’est pas naturel. C’est en vain que Zuccarini se donne 


(1) La règle aujourd’hui à peu près généralement établie dans toutes les parties 
de l’histoire naturelle, est de laisser le nom propre avec toute son orthographe 
dans la racine du nom latinisé, quelque étrange que cela puisse parfois paraître, 
et cela, pour éviter de rendre méconnaissables certains noms. Qui pourrait 
reconnaîlre le nom de Desfontaines dans le genre Fontanesia ? Toutefois nous 
n'avons pas voulu dans ce travail modifier l’orthographe adoptée par le savant 
professeur de Berlin, d’autant plus qu’on pourrait aussi invoquer le respect dû au 
nom imposé par le fondateur du genre. ( Note du Trad.) 


4 » 


— 240 — 


beaucoup de peine pour en justifier l’existence par de nouvelles rai- 
sons, telles que la position des étamines au-dessus de l’ovaire, leur 
renflement à la base ainsi que celui du style. A notre avis, cela ne suffit 
pas encore; nous le considérerions plus volontiers comme un sous- 
genre, bien qu’une distinction soit encore fournie par la géographie, 
les Furcrœa croissant principalement dans les Antilles, et les Agave, 
sur le continent. [La suite à la prochaine livraison .) 


NOTES POUR LES POIRIERS. 

Dans plusieurs variétés de poiriers, les rameaux au lieu de pren- 
dre une direction verticale, sont portés à s’incliner et à se recourber 
ce qui a l’inconvénient de former des coudes qu’il est difficile de faire 
disparaître. M. Raimbaut, pépiniériste à Montreuil, a eu l’heureuse 
idée, par un procédé fort simple, d’obvier à cet inconvénient. Lors de 
la taille en vert, il laisse au-dessus de l’œil qu’il choisit pour le prolon- 
gement, un onglet de 5 à 7 centimètres, dont on éborgné les yeux, cet 
onglet sert de tuteur pour attacher le rameau de prolongement lors- 
qu’il est encore herbacé et l’oblige ainsi à pousser verticalement. Nous 
avons vu celte méthode réussir sur les variétés les plus rebelles. 

Nous avons aussi remarqué chez cet habile et intelligent arboricul- 
teur un procédé dont il use avec succès pour égaliser ses rameaux 
de prolongement; lorsqu’un rameau s’emporte, il le pince à l’extré- 
mité en supprimant l’œil du dedans; de cette manière ce rameau 
reste environ six semaines sans s’allonger, et donne aux autres le 
temps de le rattraper. C. Morel. 

NOTICE NÉCROLOGIQUE. 

Nous venons de recevoir la nouvelle de la mort de notre compatriote 
et naturaliste voyageur, M. Libon , qui explore depuis deux ans le 
sud du Brésil, pour compte de l’établissement de M. J. Linden à 
Bruxelles. On sait que M. Libon a parcouru antérieurement le Brésil 
pendant cinq ans pour compte de M. De Jonghe et qu’un grand nom- 
bre de belles plantes furent introduites par lui dans nos cultures. 

Aujourd’hui la mort est venue surprendre cet infatigable voyageur, 
dans l’intérieur du Brésil, au milieu de ses travaux et au moment où 
il se préparait à revenir dans sa patrie. 

C’est encore une des victimes du dévouement à l’horticulture. 


# 


PLANTES FLEURIES EN SEPTEMBRE. 

Serre chaude. 

Ardisia crenuiata. — Amaryllis aulica. — Agapanthus umbellatus. — Aphelandra 
aurantiaca. — Adamia versicolor. — Æchmea fulgens. — Aristolochia arborea. 

— Bégonia semperflorens. — B. Ingrami. — B. fuchsioides. — B. miniata. — 
B. sp. pl. — Bertolonia marmorea. — Billbergia fasciata.— Centradenia grandiflora. 

— Columnea erythrophæa. — Gesneria cinnabarina. — Hoya carnosa. — Justicia 
carnea. — J. rubra. — Meyenia erula. — Nidularium rubrum. — Phyllanthus 
erubescens. — Pitcairnea punicea. — Rondeletia speciosa. — Spigelia ænea. — 
Stapelia sp. pluri. — Stephanotis floribunda. — Strelitzia reginæ. — Theoprasta 
nobilis. — Triolena scorpioides. 

Serre froide. 

Alstroemeria acutifolia. — A. aurea. — Amaryllis formosissima. — Agératum 
cœruleum. — A. Eupatorium. — Agnostus sinuatus. — Amphicome Emodi. — 
Bouvardia Houtteana. — B. longiflora. — B. Hogarthii. — Bignonia grandiflora. 

— B capensis. — Canna indica. — C. Warscewiczii. — Crowea elliptica. — 
Clerodendron Bungei. — C. fragrans. — Crinum amabile. — C. americanum. — 
Cuphea platycentra. — C. eminens. — Clethra arborea. — Datura arborea. — - 
Dianthus Caryophyllus. — Daphné Delphinii. — Escallonia montevidensis. — 
E. macrantha. — Erythrina crista-galli. — Eupatorium cœlestinum. — Eucomis 
punetata. -§ E. regia. — Fuchsia Dominiana. — Gardénia grandiflora. — 
Houstonia coccinea. — Indigofera purpurea. — Hydrangea Hortensis. — Habro- 
thamnus elegans. — Jasminum gracile. — J. odoratissimum. — Lasiandra Fon- 
tanesiana. — Lilium longifolium. — Plumbago Larpentæ. — Russelia juncea. — 
Polygala grandiflora. — Salvia splendens. — Rochea falcata. — Sparmannia 
africana. 

Orchidées. 

Brassia Lawrenciana. — Cattleya Auckîandiæ. — Catlleya crispa. — Cypripe- 
dium javonicum. — C. Feirieanum. — C. superbieus. — Epidendrum prismato- 
carpus. — Galeandra Stangei. — G. barbatum. — Lycaste Skinneri. — Maxillaria 
venusta. — Miltonia spectabilis. — Nephelaphyjlum pulchrum. — Odontoglossum 
Bictoniense. — 0. leucoehylon. — Sophronitis violacea. — Stanhopea oculata. — 
Yanda tricolor. — Yanda suavis. 


Catalogues. 

J acquemet- Bonne font, père et fils , à Lyon, place Belle-Cour, 3. — Arbres, ar- 
brisseaux et arbustes de pleine terre, forestiers et d’ornement ; ognons et tuber- 
cules, plantes vivaces de pleine terre; plantes d’orangerie et graines de plantes 
potagères et fourragères. 

Léon Berniaux, rue du Coq-Saint-Marceau, 51, Quai des Augustins, à Orléans. 
— Nouveaux Fuchsia, Pélargonium zonales, et autres, Veronica azurea nana et 
Syringa Prince Albert ; collections spéciales de toutes espèces de plantes à fleurs 
de serre froide, pleine terre, Bégonia, Achimènes, Fougères et Gloxinia. 

Vilmorin- Andrieux et C ie , quai de la Mégisserie, 30, à Paris. — Immense choix 
de graines de toutes espèces et de toutes catégories de fleurs, arbres, arbrisseaux, 
arbres verts, etc. 

Nous recommandons surtout son catalogue de graines reçues récemment du 
Mexique, récoltées par M. Roezl , et qui se recommande par un grand nombre 
d’espèces nouvelles et intéressantes. 


/ 


Sommaire du M° flO. 


Octobre fl 861. 


Plantes figurées. — Pétunia variés. . . 217 

Revue des plantes nouvelles et rares. — 
Dendrobium Hillii — Gomphia olivæ- 
formis. — Caiailium bicoloiyvar. Ver- 
sebaîfeltii .— 7 Cerinthe retorta. — Chysis 
aurea, var. Limminghei. — Garten- 
flora . 218-220 


Revue de l’horticulture française . . . 222 

Miscellanées. — L’OEillet et sa culture. 

( 5 e article.) 225 

Monographie des agavées, par le docteur 

Cari Koch 231 

Notes pour les poiriers 240 

Notice nécrologique ib. 


GRAVURES. 


Planche XVIII. Pétunia variés. 


EN VENTE : 

A Bruxelles, chez V e Parent et Fils. — A Paris, chez’ A. Goin 
MANUEL THÉORIQUE ET PRATIQUE 

DE LA 

CCLTIlill FORCÉE DES ARBRES ET ARBRISSEAUX FRUITIERS 

Comprenant -tout ce qui concerne Part de faire mûrir leurs fruits hors de saison et les 
moyens de faire de cette culture une spéculation lucrative, avec figures intercalées 
dans le texte et représentant les meilleurs modèles de serres à forcer telles qu’elles 
sont construites dans les forceries de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la France et de 
la Belgique, f 

l»ar É. Pïiaert, 

Architecte de jardins, ancien élève de l’institut royal d’horticulture de Gand, ete., etc. 

Prix : 5 francs . 


Eu vente chez les mêmes libraires : 


MELON ET CONCOMBRE 

LEUR CULTURE FORCÉE PAR LE THERMOSYPHON 

Par le comte Léonce de Lambertye. 

Brochure in-8° de 48 pages avec couverture. . . Prix : 1-25. 

Cet ouvrage est la première livraison du Traité général de la Culture forcée an- 
noncé depuis plusieurs mois sur la couverture de T Horticulteur praticien. 


QUARANTE POIRES 

POUR LES DIX HIOIS DE JUILLET A MAI, 

Monographie divisée en 4 séries de 10 poires dont la maturation s’effectue pendant 
chacun des mois de juillet à mai; contenant le nom et la synonymie des poires, 
leur description et celle de l’arbre; le mode de culture; l'indication de l’origine 
et l’époque de la récolte des fruits, avec la silhouette de chacune, dessinée 
d'après nature et de grandeur naturelle ; suivie de considérations générales sur 
la culture et la taille du Poirier. 

PAU P. DE M***. 

Deuxième édition. 1 vol. in-8°. Prix franco : 3-50. 


lmp. de V e PARENT & FILS, à Bruxelles.